Opéra de chambre
Musique de Claudio Monteverdi (Venise, 1642)
Texte de Giovanni Francesco Busenello
Mise en scène Christophe Rauck
Direction musicale Jérôme Corréas
& Les Paladins
Présentation
Ce projet est le fruit d’une collaboration originale entre une compagnie lyrique et un CDN, qui ont joint leurs forces pour ouvrir l’accès de l’art lyrique à tous.
Diaporama – © photos Anne Nordman
Au niveau artistique, c’est une rencontre forte, avec la première incursion de Christophe Rauck dans la mise en scène d’un opéra et une collaboration du théâtre avec des forces musicales spécialistes du baroque, Les Paladins, dirigés par Jérôme Correas, autour d’un opéra emblématique, réflexion sur les rapports du pouvoir et de la séduction.
argument
La courtisane Poppée se verrait bien impératrice à la place de l’impératrice. Son atout ? Ses attraits, qui ont séduit Néron. Mais les obstacles jalonnent la route qui mène au trône. Il faudra se débarrasser de l’amant encombrant, suicider le philosophe qui exhorte l’empereur à la raison, faire répudier l’impératrice en titre. Poppée y parviendra et finira par chanter avec Néron le plus sensuel des duos d’amour.
Distribution
Une création de l’Arcal, cie nationale de théâtre lyrique et musical
en collaboration avec le TGP-CDN de Saint-Denis et les Paladins
mise en scène : Christophe Rauck
direction musicale : Jérôme Correas
dramaturgie : Leslie Six
scénographie : Aurélie Thomas
costumes : Marion Legrand et Coralie Sanvoisin
lumières : Olivier Oudiou
collaboration chorégraphique : Claire Richard
maquillage : Elisa Provin
répétitrice d’italien : Barbara Nestola
avec
Valérie Gabail soprano : Poppée
Maryseult Wieczorek soprano : Néron*
Françoise Masset soprano : Octavie et Fortune
Jean-François Lombard ténor : Arnalta et Nourrice
Vincent Pavesi basse : Sénèque
Paulin Bündgen contre-ténor : Othon
Dorothée Lorthiois soprano : Drusilla et Vertu
Romain Champion ténor : Lucain, 2ème Soldat et 2ème Familier de Sénèque
Hadhoum Tunc soprano : Amour et Demoiselle
Charlotte Plasse soprano : Valet
Matthieu Chapuis ténor : Liberto et 1er Soldat
Virgile Ancely basse : 3ème Familier de Sénèque et un Licteur
*A la création, Néron était chanté par un castrat. De nos jours, ce rôle est le plus souvent confié à une soprano.
Les Paladins
Juliette Roumailhac, Camille Antoinet (violons) ; Pascale Clément, Maud Spoutil (violes de gambe) ; Nicolas Crnjanski, (violoncelle) ; Franck Ratajczyk (contrebasse) ; Nanja Breedijk, (harpe) ; Rémi Cassaigne (théorbe et guitare) ; Brice Sailly (clavecin et orgue)
équipe technique Arcal
Alain Deroo, régisseur général ; Pierre Martigne, régisseur lumières ; Davys de Picquigny, Frédéric Gillman, Cédric Tachon, régisseurs plateau ; Elisa Provin, Isabelle Aubry habilleuses ; Jean-François Brun, accordeur ; surtitrage, Cécile Chauvin.
Disponibilité
Spectacle créé au TGP-CDN de Saint-Denis en janvier 2010.
Tournée 2009-10 & 2010-11 : 44 représentations rassemblant 21 462 spectateurs :
TGP-CDN de Saint-Denis, Opéra de Reims, l'Onde à Velizy, Maison de la Musique de Nanterre, Opéra de Besançon, La Barbacane-Scène conventionnée de Beynes, Théâtre Jean Arp de Clamart, Théâtre du Vesinet, Théâtre d'Angoulême-Scène nationale, Théâtre des Salins-Scène nationale de Martigues, Ferme de Bel Ebat à Guyancourt, Théâtre Romain Rolland de Villejuif, Festival Baroque de Pontoise & L'apostrophe-Scène national de Cergy-Pontoise et du Val d'Oise, Opéra de Rennes, Théâtre de la Coupole à Saint-Louis, Opéra Royal de Versailles, le TAP-Scène nationale de Poitiers, Le Parvis à Tarbes, le Théâtre Firmin Gémier-La Piscine à Chatenay-Malabris, l'Opéra de Massy, le Grand-Théâtre de Lorient.
Public
Durée: ± 3h30 avec entracte
Public visé :
-adultes
-en famille à partir de 9 ans
-scolaires : collèges, lycées / CM1 et CM2 uniquement avec préparation
Spécificités techniques
Spectacle avec fosse
Montage la veille et le jour de la représentation +1 service repérage (6 services de montage)
Démontage le lendemain de la représentation
fiche technique poppée
31 personnes en tournée
Production
Arcal
Coproduction
TGP, CDN de Saint-Denis
Les Paladins
Opéra de Rennes
Opéra de Reims
L’apostrophe-Scène Nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise
Soutien
Arcadi (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Île-de-France)
Fondation Orange
Aide à la diffusion du Conseil Général des Yvelines
L’ARCAL est soutenu par la DRAC Ile de France, le Conseil Régional d’Ile de France, la DRAC Champagne-Ardenne, le Conseil Régional de Champagne-Ardenne et la Mairie de Paris. L’Arcal est en résidence au Grand Théâtre de Reims et en Région Champagne-Ardenne ; avec le soutien du Conseil Général des Yvelines.
Les Paladins sont soutenus par la DRAC Ile-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication. Ils sont en résidence à la Fondation Royaumont et sont membres de la FEVIS (Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés).
Intention
Le projet du point de vue de la scène :
Par Leslie Six, dramaturge
Le Couronnement de Poppée, dernier opéra de Monteverdi joué à Venise en 1642, porte en soi un monde.
Tout d’abord, celui du musicien et des liens qu’il entretient avec sa musique : compositeur de musique sacrée – psaumes, messes – et de musique profane – madrigaux, opéras –, révolutionnant le rapport fondamental du poème et des notes, mettant tout son art à rendre en musique l’expressivité des mots, s’affranchissant des principes de chant qu’il avait lui-même édictés des années auparavant.
Père de l’opéra baroque, exploitant pleinement la liberté absolue qu’offre la Venise de cette époque, il convoque ici tout son génie à travers un langage musical qui se fait miroir exact des passions humaines. Baroque par ces virages inattendus, cette multiplicité de styles
et de registres, dont l’alternance contrastée, violente et magnifique, va puiser au coeur des
hommes, de leurs grandeurs et de leurs tourments,
« …sachant que les contrastes ont le don d’émouvoir notre âme et que tel est le but de la bonne musique » (Préface du Livre XVIII de madrigaux, 1638, Venise.)
Mais c’est aussi l’Italie du XVIIème qui inspire ce Couronnement, une époque qui annonce un nouveau monde, là où l’ancien est désormais ébranlé par les découvertes scientifiques, Copernic, Galilée, les guerres de religion et les vagues de pestes qui déciment certaines villes. Un bouleversement majeur dans la pensée, dans l’imagination, la sensibilité, dans la connaissance même que l’on a de l’univers est au cœur du baroque et de cet opéra. La révolution dans la représentation de l’être fait naître chez Monteverdi de nouveaux styles musicaux, toujours plus aptes à exprimer la violence des passions humaines. Profondément humaniste, il aspire à rendre le chant de l’âme, cherche à mettre en lumière la vérité de l’individu, sa complexité, sa part tragique, laissée dans l’ombre par l’idéalisme de la Renaissance.
Monteverdi chante un homme déchiré par ses angoisses, ses ténèbres et ses contradictions douloureuses. Mais il chante aussi sa part sublime, sa fragilité, sa présence éphémère. Le Couronnement de Poppée porte ces révolutions.
« Qu’est ce qui gouverne les hommes ? Qu’est ce qui gouverne les peuples ? » résonne en effet dans tout l’opéra. Chaque protagoniste ne cesse de s’accrocher, de remettre en cause ou de trahir l’étoile qui le guide. Le Couronnement de Poppée nous fait vivre la chute d’un monde, et la naissance d’un autre. Ou comment le deuil de la raison nous fait franchir un seuil et perdre l’équilibre. À l’origine de ce bouleversement, la maîtresse de l’empereur qui veut devenir impératrice. Dans la lutte à mort qui s’engage alors, les aspirations à la justice et à la liberté semblent bien faibles face à la passion amoureuse. L’amour de Néron et Poppée brûle tout sur son passage et se fraie un chemin de cendres jusqu’au trône. C’est l’essence même du pouvoir et les liens de sang qu’il entretient avec la passion qui est ici interrogée. Ce désir toujours inassouvi, qui n’existe qu’en tant qu’il consume et renaît irrémédiablement. Ce désir à la source de l’amour tout comme à la source du pouvoir. Ainsi, là où l’amour semble se dresser contre toute autre loi et offrir l’image d’un pouvoir absolu, Néron et Poppée consacrent l’union d’Eros et Thanatos, renversent l’ordre du monde pour en façonner un à la mesure de leurs caprices.
Le projet du point de vue de la musique :
Par Jérôme Corréas, directeur musical
Amour, haine, violence et passion, ambition, sensualité, Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi n'en finit pas de nous étonner, plus de 350 ans après sa création. Une telle modernité a de quoi surprendre en effet : qu'importe si l'oeuvre est sans doute collective, puisque Francesco Cavalli et Francesco Sacrati ont prêté main-forte pour l'occasion, tout comme dans les tableaux de l'époque baroque où le maître ne peint que le visage et les mains tandis que les élèves réalisent les draperies et les décors. Œuvre d'atelier, Le Couronnement de Poppée nous transporte ainsi dans un univers musical aux énergies multiples : constituée d'une mosaïque de moments différents, l'œuvre
n'en n'est pas moins d'une homogénéité musicale et dramatique qui résume tout l'héritage de l'art monteverdien. Testament d'un compositeur de 75 ans, Poppée est une œuvre frémissante de vie et de jeunesse qui incarne à elle seule cette révolution musicale du baroque en ouvrant la voie au futur, mais un futur qui trouve un écho particulier à notre époque. Rarement en effet l'équilibre entre les paroles et la musique aura été aussi parfait. La notion de théâtre musical, résultat des recherches du XXème siècle et de l'évolution des goûts théâtraux, semble s'appliquer merveilleusement à ce genre hybride qu'est l'opéra à ses débuts .
Il m'a donc semblé naturel d'envisager avec Christophe Rauck une pièce de théâtre en musique, et poursuivre ainsi ma recherche sur le Parlé / Chanté dont on ne saura jamais ce qu'il fut réellement, mais que notre époque peut réinventer sans complexes. Loin de la notion de grand opéra, Le Couronnement de Poppée devient ainsi un superbe texte déclamé, agrémenté de chansons, madrigaux, scènes pittoresques et duos sublimes, duos d'amour et de désir, dont le plus connu, "Pur ti miro, pur ti godo" n'est pas de Monteverdi. Alors, n'est-ce pas le comble de l'ambiguïté de travailler sur une pièce dont le moment ultime n'est pas du compositeur, mais de son élève ?
Inutile de chercher la patte du maître, elle est présente à chaque instant dans le chassé-croisé entre les diverses personnalités musicales, et dans les âmes complexes des personnages en prise avec leurs instincts.