Le Retour d’Ulysse dans sa patrie

Opéra de Chambre
Musique de Monteverdi (Venise, 1640)

Mise en scène Christophe Rauck
Direction musicale Jérôme Corréas
& Les Paladins

Présentation

De l’alchimie des mélanges,
par Catherine Kollen

« Prima la musica » ou « prima le parole » ? Question qui n’a cessé d’agiter le monde de l’opéra dès sa naissance – en témoigne cette interrogation fondatrice de Monteverdi – et encore aujourd’hui.

Cette question porte en soi le présupposé qu’il y a une contradiction, une différence de nature insurmontable entre ces deux arts, musique et théâtre, et donc un combat où l’un doit l’emporter.
Il est vrai que ce sont deux langages (chacun subdivisible en plusieurs autres) qui ont chacun leurs codes et leurs impératifs propres, leur culture professionnelle transmise de façon à la fois non consciente et, particulièrement en France, cloisonnée – rendant ainsi palpable la membrane entre ces deux mondes.
Il arrive parfois – trop souvent – qu’il y ait dans les écritures ou dans l’interprétation des opéras un déséquilibre entre la musique et le théâtre. En général, ce déséquilibre est le signe que l’œuvre et/ou le spectacle n’a pas atteint le maximum de son potentiel.

Mais se dire qu’il doit y avoir un langage premier, qui « mène » l’autre, c’est s’enfermer dans une perspective qui rate une donnée essentielle : l’opéra n’existe que parce qu’il y a théâtre ET musique. Car l’opéra par essence, c’est le jeu entre plusieurs langages. Le jeu – comme on dit qu’il y a un jeu dans un mécanisme parce que ça « bouge » – c’est l’espace de liberté entre deux entités, cette liberté qui s’enracine dans l’intervalle, ce fameux « ma » japonais, le vide non pas stérile mais riche de toutes les possibilités de liaison, de fusion, de contradiction, de rejet, d’indifférence, ou de (divin) frottement. Alors oui il y a une contradiction, une tension entre les deux. Mais jouer avec les tensions, n’est-ce pas au cœur de la dramaturgie commune à tous les arts de la scène ?

Ainsi de ce nouveau point de vue, la question essentielle de l’opéra, c’est comment ça JOUE ENTRE théâtre et musique.

J’irai même plus loin : dans les œuvres réussies, quand en dernière analyse, on s’approche de ce qui constitue le noyau d’une œuvre lyrique, ça n’a plus de sens de distinguer ce qui relève du théâtre ou de la musique, car la musique DEVIENT théâtrale et le théâtre devient musical – cela relève de l’alchimie, de la transformation en l’autre. Et comme une alchimie artistique est avant tout basée sur l’humain, de même au niveau des interprétations, je sais que c’est bien parti quand j’entends le chef me parler plus de théâtre et le metteur en scène de musique – ce qui se passe sur ce Monteverdi.

C’est la qualité de cet équilibre dynamique à reconquérir toujours, mélange au sens que lui donne le philosophe Vincent Cespedès dans son livre Mélangeons-nous – Enquête sur l’alchimie humaine, que je cherche à faire émerger à l’Arcal, car c’est là le point névralgique de l’opéra, ce qui en fait ressortir l’intensité – et qui est le plus difficile à atteindre.

C’est pour cela que c’est une grande joie de retravailler avec Christophe Rauck et Jérôme Correas sur une autre œuvre de Monteverdi, Le Retour d’Ulysse dans sa Patrie, pour aller encore plus loin dans ce travail – leurs textes témoignent d’eux même de ce « mélange » déjà à l’œuvre depuis leur rencontre artistique forte sur Le Couronnement de Poppée dont l’intensité théâtrale et musicale a été saluée en 2010 et 2011.

Et il n’est point anodin que ce travail se fasse sur une œuvre du début de l’opéra, libre des corsets formels ultérieurs, où les notes et les mots ne sont que la trace d’une vie musicale et théâtrale à réinventer sans cesse à travers l’oralité et tout ce qui fait sens sur un plateau, comme savent si bien le faire, se renforçant mutuellement, Jérôme Correas et Christophe Rauck.

Distribution

Mise en scène, Christophe Rauck
Dramaturgie, Leslie Six
Scénographie, Aurélie Thomas
Lumière, Olivier Oudiou
Costumes, Coralie Sanvoisin
Collaboration chorégraphique, Claire Richard
Création maquillages, Françoise Chaumayrac
Répétitrice d’italien, Barbara Nestola

Jérôme Billy, ténor : Ulisse
Blandine Folio Peres, mezzo-soprano : Penelope
Anouschka Lara, soprano : Telemaco
Jean-François Lombard, ténor : L’Humana Fragilità, Ericlea, un Feacio, Pisandro
Françoise Masset, mezzo-soprano : La Fortuna, Eumete,
Dorothée Lorthiois, soprano : Minerva
Carl Ghazarossian, ténor : Eurimaco, Anfinomo, Giove
Virgile Ancely, baryton-basse : Il Tempo, un Feacio, Antinoo, Nettuno
Dagmar Saskova, soprano : Melanto
Matthieu Chapuis, ténor : un Feacio, Iro
Hadhoum Tunc, soprano : Amore, Giunone

Les Paladins
Direction musicale et clavecin Jérôme Correas
Lambert Colson, Adrien Mabire (cornets & flûtes à bec) ; Jonathan Nubel, Marion Korkmaz (violons) ; Emmanuelle Guigues, Ronald Martin Alonso (violes de gambe) ; Nicolas Crnjanski, (violoncelle) ; Franck Ratajczyk (contrebasse) ; Nanja Breedijk, (harpe) ; Rémi Cassaigne (théorbe et guitare) ; Brice Sailly (clavecin et orgue)

Equipe technique Arcal : Alain Deroo, régisseur général ; David Carreira, régisseur lumières ; Davys de Picquigny, Nicolas Roger, Ludovic Moysan, régisseurs plateau ; Elisa Provin, maquilleuse; Sandra Dechaufour, habilleuse ; NN, accordeur ; Laure Savoyen, régie d’orchestre – surtitrage ; Xavier Laderrière, runner création

Disponibilité

Durée du spectacle : 3h avec entracte
adultes / en famille à partir de 11 ans / scolaires : collèges, lycées, CM avec préparation

Fabrication du décor dans les ateliers du TGP-CDN de Saint-Denis : Christophe Coupeaux, directeur technique adjoint ; Alain Denisse, chef d’atelier
Equipe technique Arcal : Alain Deroo, régisseur général ; David Carreira, régisseur lumières ; Davys de Picquigny, Nicolas Roger, Ludovic Moysan, régisseurs plateau ; Elisa Provin, maquilleuse; Sandra Dechaufour, habilleuse; Laure Savoyen, régie d’orchestre – surtitrage ; Xavier Laderrière, runner création

Production : Arcal
Coproduction : TGP - CDN de Saint-Denis, Les Paladins
Avec l’aide à la production d’ARCADI
Avec l’aide à la diffusion d’ARCADI en Île-de-France
Les Paladins sont soutenus par la Région Ile-de-France, au titre de la permanence artistique et culturelle, pour une résidence dans les Yvelines.

Dates