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Mercredi 14 novembre 2018 | Chronique de Suzanne Gervais
Le Cas Jekyll où quand la technologie devient personnage d’opéra

Lien vers la chronique sur le site de France Musique

– Jekyll et Hyde ne sont qu’un seul et même personnage, et en musique, ce double psychotique créé par Robert Louis Stevenson en 1886, n’a pas inspiré que Gainsbourg. Le Cas Jekyll, c’est le titre du nouvel opéra de François Paris, qu’a créé la compagnie Arcal, à Saint-Quentin-en-Yvelines, c’était vendredi 9 novembre dernier. Et dans cet opéra de chambre pour baryton et quatuor à cordes, la nouvelle technologie a presque le premier rôle.

– Et justement, quel est le rôle de la technologie dans la partition ?

– C’est là que c’est intéressant. Tout l’enjeu de l’histoire du Dr Jekyll et Mr Hyde, «le double», «la dualité», et bien la technologie permet de représenter en musique cette notion de double : tout le quatuor est dédoublé.
A côté de chaque musicien – les deux violonistes, l’altiste, et le violoncelliste-, il y a un haut-parleur, qui joue une partition au départ similaire à celle de l’instrument, mais qui se transforme au fur et à mesure. La voix est elle aussi dédoublée, en particulier dans les dialogues entre Jekyll et Hyde.
Cette pièce fait appel à de la haute virtuosité en informatique musicale : le dédoublement des parties est piloté par un logiciel capable de détecter le tempo en temps réel, si bien que, d’après les premiers spectateurs, on ne sait pas si c’est le quatuor qui joue, la voix qui chante ou leurs doubles technologiques. Une situation de pure ambiguïté qui colle tout à fait à l’intrigue.
A noter, c’est le Centre national de création musicale de Nice qui a mis en place ces doublures musicales.

– Et c’est à Nice qu’aura lieu la prochaine représentation.

– Oui rendez-vous le 7 décembre dans le cadre du Festival Manca. Il faudra ensuite attendre février, mois où Le Cas Jekyll sera à l’affiche du Théâtre 71 de Malakoff.
Le concert niçois le mois prochain sera suivi d’un colloque intitulé « Création artistique et nouvelles technologies » et « quand les nouvelles technologies participent ainsi au sens et à la profondeur des œuvres musicales ». On dit oui !