Quelles sont les contraintes pour faire tourner un opéra ?
Sur ce projet, elles sont tout autant budgétaires que structurelles. Le coût d’une production, quel qu’il soit, est une contrainte, mais plus il est réduit, plus il exige de la rigueur. Dans la forme, ensuite : le décor doit s’adapter à des plateaux très différents ; lignes de vues, cadres de scène et jauges ne se ressemblent.
Cette légèreté imposée vous a poussée à développer un autre langage…
Oui. Avec Julia Hansen, décoratrice avec qui j’ai réalisé plus de vingt productions, nous faisons confiance à notre savoir-faire, ce qui nous permet de renoncer facilement à beaucoup d’effets. Pour Armida, le dispositif est donc sobre, à la fois très concret et très stylisé, et le jeu des acteurs, très développé. Quand les théâtres sont petits, les visages ne se cachent pas !
Comment avez-vous ancré cette fable dans le monde contemporain ?
Ce contexte de croisades, de preux chevaliers et de princesse des Sarrazins, on s’en fout ! Mais si vous regardez le texte de plus près, où seules comptent les hésitations des cœurs, on est dans un film intimiste à la française ; un drame psychologique où l’on ne tergiverse plus seulement dans les cœurs, mais aussi dans les corps. Je n’en dis pas plus !
Propos recueillis par Judith Chaine, Télérama Sortir, 8-14 octobre 2014