Aix-en-Provence, 4 septembre 1892 – Paris, 24 juin 1974
« Français né à Aix et de confession israélite » comme il se présentait lui-même, il montre des dons précoces et apprend le violon. Il entre en 1909 au Conservatoire de Paris, où il suit les classes de Gédalge et Widor, et complète sa formation avec Charles Koechlin. Engagé comme secrétaire par Paul Claudel, nommé ministre plénipotentiaire à Rio, il lʼaccompagne au Brésil. Il sʼenthousiasme alors pour les musiques sud-américaines, quʼil insère dans les ballets L’Homme et son désir (1918-1921) et Le Bœuf sur le toit (1919-1920), ainsi que dans la suite de danses Saudades do Brasil (1920-1921).
Revenu à Paris, il est associé (par le critique Henri Collet) au Groupe des Six (avec George Auric, Louis Durey,Arthur Honegger, Francis Poulenc, Germaine Tailleferre) rassemblé autour de Cocteau. En 1923, au cours dʼun séjour aux États-Unis, il découvre le jazz qui va profondément lʼinfluencer pour son ballet La Création du monde (1923). Il continue à écrire plusieurs opéras sur des livrets de ses amis : Le Pauvre Matelot en 1926 sur un texte de Cocteau, et Christophe Colomb en 1930 sur un texte de Claudel. Il sʼintéresse également au cinéma et compose pour le cinéma. Voyageant énormément, il partage son temps entre la composition et lʼenseignement.
En 1940, fuyant les nazis, il repart pour les États-Unis, où il enseigne au Mills College dʼOakland (poste quʼil conservera jusquʼen 1971). Lʼarthrite qui le paralyse peu à peu ralentit à peine son activité incessante couronnée en 1971 par lʼélection à lʼAcadémie des Beaux-Arts.
Milhaud laisse une œuvre proprement gigantesque : plus de 450 opus dans tous les genres, illustrant toutes les formes et jouant de toutes les combinaisons instrumentales (« opéra-minute », « symphonie miniature »).
Contrapuntiste exceptionnel, il a écrit deux quatuors à cordes qui peuvent être joués ensemble sous forme dʼoctuor. Outre la fécondité jaillissante et lʼinvention mélodique, les caractéristiques de son œuvre sont lʼutilisation de la polytonalité, celle des rythmes exotiques ou du jazz et le lyrisme. Au-delà de lʼéclectisme des formes et de la complexité dʼécriture, son œuvre témoigne dʼun style très personnel, aisément identifiable, une sorte de modernisme épuré mis au service dʼune expression généreuse.