Sirènes

Opéra de chambre
(maquette - résidences-laboratoires Arcal / Grand Atelier de Royaumont)
Musique de Federico Gardella
Texte d'Emmanuel Darley

Mise en scène Jean De Pange
Direction musicale Guillaume Bourgogne
& l'Ensemble Cairn

Présentation

Dorothée Lorthiois_Chantal Santon_Benjamin Alunni_Sirènes © Otello Vilgard pour l'arcal

Dorothée Lorthiois_Chantal Santon_Benjamin Alunni_Sirènes © Otello Vilgard pour l’arcal

Dans un fragment d’Alessandra, le poète grec Lycophron, qui vivait au quatrième siècle avant J.-C., raconte la mort des sirènes: le vaisseau d’Ulysse s’éloigne des rochers gardés par les sirènes, et les trois femmes – oiseaux, comme le veut la mythologie classique, décident de se suicider en sautant sur les rochers sans déployer leurs ailes.

Ulysse entend leur chant, ne fait pas naufrage et poursuit sa route sans être séduit: cette forme d’amour non partagé conduira les sirènes au suicide.

Dans ce court extrait, la poésie de Lycophron trace les contours du désespoir des sirènes, mais aussi de leur solitude; cette solitude, entendue comme lieu d’écoute est l’un des éléments centraux de cet opéra de chambre, tant du point de vue dramatique que sous l’aspect de la relation entre les voix et les instruments. J’ai pensé à caractériser les différents personnages en utilisant différentes structures vocales.

Ainsi, dans la scène I, le chant d’Ulysse traverse, imperturbable, l’appel des sirènes; ainsi dans la scène III, l’une des trois sirènes tentera de s’opposer à un destin où tout est déjà écrit.

De la même façon, j’ai imaginé une écriture instrumentale indépendante quant à l’entrelacement des voix, une écriture comme mémoire d’une nature immobile et indifférente: le chant quasi a capella des voix vient ainsi se fondre dans un lieu de résonances instrumentales.

Si le fragment de Lycophron constitue l’étincelle initiale de ce projet, le livret d’Emmanuel Darley en représente la musique de fond ; il est question, de mon point de vue, d’une parole conçue comme une forme de chant, d’un texte organisé comme une partition: j’ai alors imaginé, une musique pensée au bord du silence, où la répétition des gestes instrumentaux prélude à la ritualité du chant.

Federico Gardella, compositeur

Distribution

Musique Federico Gardella
Livret Emmanuel Darley
Direction musicale Guillaume Bourgogne
Mise en scène Jean de Pange

Scénographie Mathias Baudry
Collaboration artistique Jérôme Ragon
Chef de chant Nicolas Jortie

avec

Dorothée Lorthiois, soprano, Sirène 1
Chantal Santon, soprano, Sirène 2
Caroline Meng, soprano, Sirène 3
Benjamin Alunni, baryton, Ulysse

Ensemble Cairn (4 instrumentistes)
Constance Rozatti, violon
Askar Ishangaliyv, violoncelle
Sabine Tavenard, flût
Sylvain Lemêtre, percussions

Disponibilité

Dates des maquettes de présentation :

  • le 3 décembre 2012 à 18h et 20h30 à l’Arcal, 87 rue des Pyrénées, Paris

  • le 4 décembre 2012 à 18h à l’abbaye de Royaumont

Intention

par Emmanuel Darley, auteur

Federico m'avait parlé de son idée, de son envie, travailler sur le mythe des Sirènes, sur Ulysse passant sans s'arrêter, sourd à leur chant d'amour et sur leur suicide, ensuite, toutes les trois ensemble.

J'ai lu les rares textes écrits sur ce suicide. J'ai trouvé des images, des images de sirènes oiseaux, des images de sirènes tête en bas fonçant vers la mort.

Comment dire simplement l'effort, le labeur régulier et exaltant de ces créatures, attirer contre les côtes les marins, comment dire le désarroi et le doute devant l'échec, comment dire le désir d'en finir. Eviter le pathos. Eviter la grandiloquence. Trouver les mots justes, trouver la musique des mots imbriqués, enchaînés. Trouver le rythme, passer du chœur, trois voix emmêlées à la voix unique, prendre oui les sirènes comme un tout, un groupe, et puis les voir aussi une plus une plus une, différentes, opposées, indépendantes.

Faire confiance ensuite à Federico pour que ces mots-là chantent, deviennent chant, s'inscrivent tranquilles dans la musique.

Dates

Ressources

Alexandra de Lycophron L'Alexandra, poème inclassable du point de vue du genre, est la seule oeuvre conservée de Lycophron de Chalcis, auteur tragique fameux du monde alexandrin (IIIe s. avant J.-C.) qui fréquenta au sein de la Bibliothèque du Musée d'Alexandrie des personnalités aussi importantes qu'Apollonios de Rhodes ou Callimaque. Cette œuvre, qui rapporte indirectement les prophéties de Cassandre (alias Alexandra) le jour où son frère Pâris part vers la Grèce pour enlever Hélène, est considérée depuis l'Antiquité comme « le poème obscur » par excellence. C'est cette obscurité même qui fait son intérêt et crée sa poésie. Une traduction, accompagnée de notes pour qui veut essayer d'éclaircir le texte, en est proposée ici qui s'efforce de transmettre à la fois cette poésie du texte, sa bizarrerie et sa complexité. Source : Quatrième de couverture d'Alexandra Lycophron, texte établi, traduit, présenté et annoté par Cédric Chauvin et Christophe Cusset, Paris, L'Harmattan, coll. «Études grecques», septembre 2008, 202 p.