Délice poétique

Nouvelle réussite pour Louise Moaty dans sa collaboration avec l’Arcal ! […]
On chercherait en vain à décrire la fraîcheur, la tendresse, la fantaisie, l’humour et l’intense poésie du résultat ; ils s’éprouvent, se savourent, se hument.

Alain Cochard – Concertclassic

Opéra panthéiste, chef d’œuvre de couleurs, de subtilités mélodiques et de polyrythmie, de liberté créatrice, de force originale, cette œuvre s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants : à l’instar du garde-chasse dont la forêt pleine de poésie et de vigueur est le refuge, les autres adultes de cette fable douce-amère sont tourmentés par les regrets du passé.

Une fable de désir et de liberté, par Catherine Kollen

Un chef d’œuvre inclassable

Opéra panthéiste, chef d’œuvre de couleurs, de subtilités mélodiques et de polyrythmie, de liberté créatrice, de force originale, cette œuvre s’adresse autant aux adultes qu’aux enfants : à l’instar du garde-chasse dont la forêt pleine de poésie et de vigueur est le refuge, les autres adultes de cette fable douce-amère sont tourmentés par les regrets du passé.

L’émancipation d’une femme

Tous sont fascinés par la liberté et le désir, incarnés par une femme- renarde. C’est cette émancipation de la renarde, capturée par l’homme, enfant, puis femme, qui choisit la liberté au prix de sa vie, que nous suivons au fil des saisons, dans un grand cycle de la Nature.

Désir et liberté

Ce thème de la liberté liée au désir traverse l’œuvre de Janacek de 1915 à sa mort, où, grâce à son amour hors conventions pour une femme mariée de 32 ans, il trouve une seconde jeunesse créatrice à 60 ans.

Une équipe artistique créative…

… associant les musiciens virtuoses de l’ensemble TM+, dirigés par leur chef Laurent Cuniot -diable de notre Histoire du Soldat– à Louise Moaty, metteur en scène de notre Empereur d’Atlantis, autre chef d’œuvre tchèque.

Opéra et arts numériques

Inspirée par l’aspect graphique à l’origine de l’opéra, Louise Moaty propose de suivre cette fable à travers le tournage et montage en direct d’un film composite, mêlant chanteurs, vidéo, dessin et théâtre d’objet. Ainsi les spectateurs pourront suivre l’action sur le plateau et sur l’écran.

Animalité, chœur amateur et espace participatif du public

Chaque soir un chœur amateur préparé dans chaque lieu se glisse au milieu du public pour célébrer les noces du renard et de la renarde, créant un effet de surprise et un moment festif dans la salle. Avec le programme, les spectateurs figurent des yeux d’animaux luisant dans la forêt.

Petite Renarde Rusée 2.0 : un projet transmédia

Des développements transmédias interactifs autour du spectacle viennent enrichir les thématiques :

  • site internet dédié rassemblant informations et communautés -bestiomaton « l’animal en vous » dans le hall avec photos téléchargeables
  • ateliers pédagogiques de création (masques, danse, pocket film, etc…)
  • application «La Petite Renarde rusée | L’orchestre décomposé»  : développée par Mosquito, atelier de création de design interactif et disponible sur l’app store ou google play, l’application permet de comprendre, à partir d’un extrait du chœur des renardeaux, le fonctionnement d’un orchestre : chaque instrument est enregistré individuellement, et l’usager est invité à « allumer » ou « éteindre » chaque instrument. Un mode « solo » permet de n’écouter qu’un seul instrument à la fois. 

Distribution

Mise en scène Louise Moaty
Direction musicale Laurent Cuniot
TM+ ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui 
Collaboration & conseil vidéo Benoît Labourdette
Scénographie & costumes Adeline Caron & Marie Hervé
Lumières création collective
Maquillage Elisa Provin
Collaboration à la mise en scène Florence Beillacou
Conseil musical et linguistique Irène Kudela
Chef de chant Nicolas Jortie
Conseil musical & linguistique Irène Kudela
Version réorchestrée à 16 musiciens | Jonathan Dove | éd. Universal
Construction du décor Stéphane Holvêque
Conseil manipulation marionnettes Claire Rabant
Fabrication des marionnettes Marie Hervé
Fabrication des costumes et accessoires Julia Brochier, Louise Bentkowski, Jordan Azinco, Cécile Gatignol & Marie Hervé
Remerciements à Jérôme Combe pour son aide dans le travail sur les images du banc-titre

Avec les chanteur·euse·s

Noriko Urata Renarde
Caroline Meng Grillon, Coq, Renard
Philippe Nicolas Martin / Laurent Bourdeaux Garde-chasse
Wassyl Slipak / Philippe Cantor Blaireau, Curé, Harasta
Sylvia Vadimova * Lapak (le chien), Aubergiste
Françoise Masset * Femme du Garde-chasse
Paul Gaugler Moustique, Instituteur
Sophie-Nouchka Wemel * Crapaud, Frantik, Geai
Joanna Malewski * Sauterelle, Pepik, Poule Huppée
* poules, animaux de la forêt et renardeaux

TM+ ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui – direction Laurent Cuniot
16 musiciens Gille Burgos (flûte), Jean-Pierre Arnaud (hautbois), Franck Scalisi (clarinette), Yannick Mariller (basson/contrebasson), Eric Du Faÿ (cor 1), Christophe Struzynski (cor 2), André Feydy (trompette), Olivier Devaure (trombone), Gianny Pizzolato (percussions), Anne Ricquebourg (harpe 1), Marie Klein (harpe 2), Noëmi Schindler (violon 1), Dorothée Nodé Langlois (violon 2), Marion Plard (alto), Florian Lauridon (violoncelle), Antoine Sobczack (contrebasse)

Chœur des voix de la forêt
Maison de la Musique de Nanterre
Chœur Lyrique du Conservatoire de Nanterre – direction Valérie Gallet & Ensemble Résonances de Suresnes – direction Jean-Michel Chatard
Théâtre de St.-Quentin-en-Y. Scène nationale Ensemble Vocal de Saint-Quentin-en-Yvelines – direction Valérie Josse & Chœur Lyrique du Conservatoire de Nanterre – direction Valérie Gallet & Ensemble Résonances de Suresnes
Opéra de Reims Ensemble Lyrique Champagne Ardenne (ELCA) – direction Carole Tremlet & Chœur de chambre Ars Vocalis de Reims – direction Hélène Le Roy
Les Deux Scènes / Scène nationale de Besançon Chœur Inter-lycées de Besançon – direction Jean-Marc Bourgeois, Chœur Contre-Z’ut – direction Alain Liège
Opéra de Massy Chœur Les Ludos & Chœur des Deux Vallées de Milly-la-Forêt & Ensemble Vocal de l’Université d’Evry Val d’Essonne – direction Annie Couture
 L’Entracte / Scène conventionnée de Sablé-sur-Sarthe Chœur d’Angers-Nantes Opéra – direction Xavier Ribes
Les Quinconces-L’espal / Scène nationale du Mans Résonances – direction Grégoire Vanherle
Paris  – Athénée Théâtre Louis-Jouvet jeunes chanteurs en formation au Conservatoire à rayonnement régional de Paris (CRR) / Département supérieur pour jeunes chanteurs (DSJC)
Le Figuier Blanc | Argenteuil jeunes chanteurs en formation au Conservatoire à rayonnement régional de Paris (CRR) / Département supérieur pour jeunes chanteurs (DSJC)

Equipe technique Arcal
Nicolas Roger (conception vidéo et direction technique), Stéphane Holvêque (régie générale), Damien Valade (régie lumière), Philippe André (conception et régie vidéo), Elisa Provin (habillage – maquillage), Laure Martigne (régie d’orchestre – surtitrage)

Production

Production Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical

Coproduction TM+ ensemble orchestral de musique d’aujourd’hui  Maison de la Musique de Nanterre Fondation Orange Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines – Scène Nationale Les 2 Scènes – Scène nationale de Besançon Théâtre d’Etampes.

Soutien Arcadi Île-de-France

Avec la participation du DICRéAM.

Note de mise en scène

par Louise Moaty

Nous avons rêvé des paysages magnifiques d’un Schiele, d’un Klimt, pour mettre en forme ce véritable hymne à la nature et au cycle des saisons, dont les changements rythment la vie de la Petite Renarde à travers des pages orchestrales somptueuses et rayonnantes.

« J’écoute les oiseaux chanter »

«J’écoute les oiseaux chanter. Je m’émerveille de rencontrer des milliers et milliers de phénomènes de rythme dans le monde de la lumière, dans celui des couleurs, dans celui des corps, et ma musique reste jeune au contact de l’éternelle jeunesse rythmique de la nature éternellement jeune.»

Peut-on trouver meilleure introduction à La Petite Renarde rusée que cette phrase écrite par Leos Janacek en 1926, alors qu’arrivant au terme de sa vie il arpente encore la forêt, étudiant la faune, notant des chants d’oiseaux, puisant dans cette matière l’expression brute de la vie et du désir qu’il inscrit à la source même de sa musique ? «Quelqu’un affirmait devant moi que seul le son pur signifiait quelque chose en musique. Eh bien moi, je dis que ce son pur ne signifie rien du tout, tant qu’il ne prend pas son origine dans la vie, dans le sang», écrit- il à Max Brod en 1924.

Une ode au monde vibrant de la nature

La Petite Renarde rusée semble une ode à ce monde vibrant de la nature, univers cyclique, infini de sensations visuelles et sonores que Janacek déploie comme un peintre à la palette protéiforme : sonorités impressionnistes développées dans de longs intermèdes orchestraux ou au contraire motifs brefs, très imagés, semblant des vignettes illustrées. Présence d’éléments folkloriques, travail approfondi sur la musique du langage parlé et les spécificités rythmiques de la langue tchèque, créant une ligne de chant unique, entre arioso et récitatif… «Je me sens libre» poursuit-il en 1928, «je respire comme la nature au soleil printanier. De l’herbe fraîche partout, ici et là une fleur curieuse. Je veux seulement ressentir les vagues de la musique céleste du vent…».
Question de liberté, qui est au cœur du livret de La Petite Renarde rusée, mais aussi de l’œuvre et de la vie de Janacek, et lui a permis d’inventer ce langage musical si singulier. Il compose ici un monde rêvé, lumineux, coloré, où hommes et animaux parlent la même langue, et où musique et image semblent ne faire qu’un pour susciter une nouvelle forme de merveilleux.
Un lien profond qui est présent d’ailleurs dès la genèse de l’œuvre : Janacek a écrit le livret de La Petite Renarde rusée en adaptant un feuilleton illustré paru dans le quotidien Lidove Noviny de Brno.

Un dialogue entre imagerie du cinéma des origines et surréalisme

C’est en jouant nous-même de ce dialogue entre image et musique que nous avons souhaité à notre tour donner vie à cet univers foisonnant, et plus exactement par la réalisation devant les spectateurs d’un film mêlant dessins, théâtre d’objet, et chanteurs repris en direct pour être incrustés dans l’image. Un dispositif qui s’inspire esthétiquement des procédés des débuts du cinéma et nous permet, comme avec des plaques de lanterne magique, de composer, superposer, animer en direct des images. Comme les collages surréalistes nés à la même époque que l’opéra, ils nous permettet d’explorer tout le spectre de la «sur-marionnette», pour reprendre l’expression de Gordon-Craig : du dessin au corps vivant de l’acteur, en passant par le pantin et le travail du masque. Une voie d’accès vers le monde bruissant de la forêt dans un esprit qui se veut joyeusement, profondément, vivant – comme cet opéra – , permettant tous les changements d’échelle nécessaires aux différentes natures des protagonistes, allant des insectes aux humains en passant, bien entendu, par les renards…

Dans ce dialogue entre imagerie du cinéma des origines et surréalisme, nous retrouvons également les sources d’inspiration du grand cinéaste tchèque Karel Zeman,qui révolutionna le cinéma d’animation en faisant évoluer des acteurs filmés en prise de vue réelle dans des gravures de Gustave Doré (Baron Prasil, 1961) ou dans des cartes postales (Na Komete, 1970).

Liberté, désir, animalité et humanité

La liberté à tout prix : c’est en effet la quête de Bystrouška, elle qui veut grandir sans compromettre la vérité ni perdre son regard aiguisé sur le monde, elle qui revendique sa position marginale, elle qui s’érige en féministe croqueuse de poules et qui, même mariée, mère de nombreux renardeaux, cherche à garder les clés de sa vie et de son désir.

«Et je suis redevenue un animal sauvage
La forêt me sembla plus sombre que la nuit noire 
Et je me sentais libre»

Janacek dessine le parcours de son émancipation, et nous la suivons dans le théâtre tout entier, jusque dans la fosse par exemple où se trouve le terrier du Blaireau. Ou dans la salle où les spectateurs sont invités à prendre part aux réjouissances de son mariage avec le Renard Crinière d’Or : parmi eux chante notamment un chœur amateur préparé dans chaque lieu. C’est dans cette recherche d’expérience partagée que cette proposition s’enracine, pour mieux s’interroger ensemble : entre humain et animal, peut-on apprivoiser le désir ?

Dans le livret de Janacek et suivant une tradition qu’on retrouve dans Le Roman de Renart, dans les fables d’Esope puis de La Fontaine, la frontière entre bêtes et hommes est sans cesse remise en question. Nous nous amusons à poursuivre ce brouillage de pistes, matière théâtrale par excellence. Il s’agit de questionner cette part de sauvage et de non-maîtrisé, cette animalité qui habite chacun de nous et que nous associons souvent – à tort ou à raison ? – avec une forme de liberté. Janacek en joue habilement en faisant dialoguer ce monde avec celui des frustrations, des vanités, des rancœurs qu’expriment certains personnages, et les humains en particulier. L’opéra tout entier se construit en opposition avec cette menace morbide, comme le rêve merveilleux et érotique du Garde-chasse, courant après la Petite Renarde comme après l’incarnation de son propre désir : sans jamais parvenir à l’atteindre, à le dompter. «Aimai-je un rêve ?» se demande-t-il à la fin de l’opéra.

Bêtes anthropomorphes, hommes aux pensées sauvages : finalement n’est-ce pas la Petite Renarde la plus humaine de tous, elle qui questionne sans cesse son désir, qui se bat pour garder son autonomie, sa libre-pensée ? Nous suivons son parcours de femme renarde, enfant dont le premier mot est «maman», adolescente découvrant le désir, gagnant son indépendance, jeune femme amoureuse, mère enfin d’une nombreuse portée, puis rencontrant brutalement la mort. C’est le prix qu’elle est prête à payer pour sa liberté. Mais c’est aussi, par l’apparition finale d’une nouvelle petite renarde que le Garde-chasse ne parvient pas à capturer, le symbole de la renaissance du printemps dans le cycle des saisons.

© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci
© Enrico Bartolucci

Dates

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