Opéra de chambre
de Joseph Haydn (Eszterhaza, 1784)
d'après La Jérusalem délivrée du Tasse
Mise en scène Mariame Clément
Direction musicale Julien Chauvin
& Le Concert de la Loge Olympique
Présentation
Armida, un opéra enflammé de Haydn, une réflexion sur les genres
par Catherine Kollen
Armida de Haydn, composé juste avant la Révolution, est un opéra de l’entre-deux-mondes: en même temps que l’individu, le personnage s’émancipe de son rôle, gagne une vision personnelle et de la profondeur. C’est aussi un opéra du monde-de-l’entre-deux, car cette guerre amoureuse au temps des Croisades, entre deux civilisations, deux systèmes de valeurs, deux sexes et/ou deux genres, révèle aussi les contradictions internes et l’ambivalence présentes au cœur même de chaque individu.
Le thème d’Armida écrit par le Tasse à la fin du XVIe siècle, semble présenter des personnages très sexués, qui correspondent à des archétypes bien connus : « la » femme séductrice et « le » héros vertueux. Or il y a dans cette version de l’œuvre par Haydn un fossé entre ces archétypes et la subtilité des sentiments qu’il décrit, qui semble justement vouloir s’affranchir de l’idée d’archétypes pour construire des individus. Il est ici tentant de jouer avec la tradition de l’opéra, première forme artistique à exploiter l’ambiguïté sexuelle entre rôles et voix, et à s’amuser à brouiller les genres, que ce soit dans l’opera seria, qui, avec ses héros guerriers, regorge paradoxalement de rôles travestis ou de castrats, ou à la période classique, avec un Cherubin ou un Romeo dont le trouble ambigu n’est jamais mieux incarné que par la voix d’une femme.
C’est cette dynamique de tensions que met à jour Mariame Clément par l’incarnation forte donnée par sa direction d’acteurs qui interrogera les genres et les pôles masculin et féminin.
Le Concert de la Loge Olympique, dirigé par son fondateur, Julien Chauvin, sur instruments d’époque, saura faire vivre cet opéra passionné avec verve, élégance et fougue, donnant à entendre les réminiscences baroques tout autant que les fulgurances préromantiques; la mise en valeur de ces tensions qui alimentent l’équilibre dynamique de cette œuvre nous fait ainsi revisiter la période classique d’une oreille différente.
Distribution
Une création de l’Arcal, cie nationale de théâtre lyrique et musical
en collaboration avec le Concert de la Loge Olympique *
*Suite à l'évolution du projet artistique du Cercle de l'Harmonie, ses musiciens fondateurs, fédérés autour du violoniste et directeur musical Julien Chauvin ont créé Le Concert de la Loge Olympique, qui reprend l'activité des concerts dirigés par Julien Chauvin sous cette nouvelle identité.
Direction artistique : Arcal - Catherine Kollen
Direction musicale : Julien Chauvin
Orchestre : Le Concert de la Loge Olympique
issu du Cercle de l’Harmonie
Chef de chant : Frédéric Rivoal
Mise en scène : Mariame Clément
Décor et costumes : Julia Hansen
Collaboration à la mise en scène : Benoît Bénichou
Lumière : Marion Hewlett et Patrice Lechevallier
Maquillage : Elisa Provin
Collaboration décor & costumes : Gwladys Duthil
Répétitrice d’italien : Barbara Nestola
Chantal Santon, soprano : Armida, princesse magicienne
Juan Antonio Sanabria, ténor : Rinaldo, héros guerrier, chevalier croisé de Godefroy de Bouillon
Dorothée Lorthiois, soprano : Zelmira, fille du sultan d’Egypte, suivante d’Armida
Laurent Deleuil, baryton : Idreno, roi sarrazin
Enguerrand De Hys, ténor : Ubaldo, chevalier croisé
Francisco Fernández-Rueda, ténor : Clotarco, chevalier croisé
Le Concert de la Loge Olympique, direction Julien Chauvin - 28 musiciens
Fabrication du décor : Les 2 Scènes - Scène nationale de Besançon
Costume et casque mis gracieusement à disposition par le Centre de musique baroque de Versailles
Equipe technique Arcal
Nicolas Roger (directeur technique & régie lumière), Patrick Naillet (régisseur général), Laure Savoyen (régie d’orchestre - surtitrage)
Disponibilité
Opéra créé en octobre 2014 au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale
Tournée 2014-15 : 10 représentations à Saint-Quentin-en-Yvelines, Opéra de Reims, Théâtre d'Orléans-Scène nationale, Les 2 Scènes-Scène nationale de Besançon, Centre Lyrique Clermont Auvergne, Opéra de Massy, L'apostrophe-Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d'Oise, Le Moulin du Roc-Scène nationale de Niort.
Disponibilité : en fonction de la coproduction de la reprise
Public
Opéra chanté en italien surtitré en français
Durée : +-2h30 avec entracte
Public visé :
-adultes
-en famille à partir de 11 ans
-scolaires : collèges, lycées / CM uniquement avec préparation
Spécificités techniques
Spectacle avec fosse (chef et 28 musiciens dont timbales & clavecin)
Spectacle avec surtitres
Montage la veille de la représentation (5 services)
Démontage à l'issue de la représentation
Fiche technique Armida
42 personnes en tournée
Production
Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical
Coproduction
Centre Lyrique Clermont-Auvergne
Les 2 Scènes - Scène nationale de Besançon
Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines Scène Nationale
Soutien
Arcadi Île-de-France
Conseil Général des Yvelines (aide à la diffusion)
Onda, Office national de Diffusion Artistique (convention diffusion musique au Moulin du Roc, Scène nationale de Niort).
Soutiens institutionnels de l'Arcal :
Ministère de la Culture (Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Île de France),
Conseil Régional d’Île de France
Mairie de Paris.
Soutien public de résidences :
-Pour la résidence à l'Opéra de Reims et en Champagne-Ardenne :
Direction Régionale des Affaires Culturelles de Champagne-Ardenne
Région Champagne-Ardenne.
-Pour la résidence en Essonne (Opéra de Massy, Silo) :
Conseil Général de l'Essonne
Communauté de Communes de l'Etampois Sud-Essonne
Intention
«Quel est le droit chemin, la norme?»
par Mariame Clément
Un des facteurs décisifs a été que la proposition vienne de l’Arcal, qui représente pour moi une manière de refaire de l’opéra l’art populaire qu’il a été des siècles durant, et montrer qu’il est bien plus accessible que ne le pensent nombre de spectateurs potentiels, combat qui me tient particulièrement à cœur.
Par ailleurs, comme j’ai déjà pu le constater lors des toutes premières étapes du travail, l’Arcal permet de mettre en place une vraie collaboration entre les parties concernées : Il est rare d’avoir des conversations dramaturgiques aussi poussées que celles que j’ai pu avoir avec Julien Chauvin et Catherine Kollen pendant la phase même de conception, or l’opéra est avant tout – et c’est ce qui me plaît tant dans cette forme – un art de la collaboration. Plus celle-ci commence en amont, plus le travail sera organique par la suite.
Enfin, la légèreté imposée par le système de tournée était un défi dont ma collaboratrice Julia Hansen (décors et costumes) et moi-même avions réellement le désir pour l’évolution de notre langage théâtral (nous travaillons ensemble depuis plus de vingt productions) : avec des contraintes techniques et budgétaires, certes, mais aussi avec la liberté de prendre des risques, d’être plus réactifs. En d’autres termes, nous souhaitions travailler d’une manière plus proche du théâtre. Pour les costumes, par exemple, nous avions le désir d’un processus de création plus progressif, au fur et à mesure des répétitions.
Ce souci de légèreté, ce défi de vouloir raconter une histoire de manière sobre et simple et pourtant frappante, en se concentrant sur la direction d’acteurs me semblent particulièrement adaptés à cette œuvre en particulier. L’intrigue est en réalité très minimaliste. Si l’œuvre s’intitule Armida, le vrai héros en est peut-être Rinaldo, dont on suit les hésitations incessantes entre son amour pour Armida et son devoir. Si l’on arrive à rendre les personnages vraiment crédibles, et leurs déchirements réels, ce dénuement de l’action prend une tournure absolument moderne… et presque post-moderne : ces hésitations d’un homme et d’une femme qui souffrent, ce couple qui se déchire, pourraient être un thème de cinéma, et l’on pourrait les observer pendant des heures sans que cela soit ennuyeux.
Mais pour cela, il est indispensable que l’on y croie. Les hésitations de Rinaldo, la souffrance d’Armida abandonnée, tout cela est si admirablement dépeint par la musique si fine, si contrastée, si bouleversante de Haydn, tout cela semble appeler un tel souci de précision dans la direction d’acteurs, de finesse psychologique des personnages, qu’il me semblait nécessaire que le conflit qui déchire Rinaldo soit réellement incarné – justement pour que leurs revirements et leurs douleurs deviennent vraiment passionnants pour le spectateur. Je parle à dessein d’ « incarnation » plutôt que de « transposition » ou de « modernisation », mots dont je me méfie toujours.
Dans le cas d’Armida, on ne peut s’empêcher de se demander quel est vraiment ce conflit qui déchire Rinaldo, qui sont ces personnages, quelles sont ces croisades, quelle est cette guerre, ce déchirement si grand pour Rinaldo ?
Ce déchirement profond de Rinaldo, ainsi que cette confrontation toute stéréotypée entre « la » femme séductrice et « le » héros vertueux, nous ont fait réfléchir à la question des genres. Armida semble présenter des personnages très sexués, qui correspondent à des archétypes bien connus dans la guerre des sexes ; or il y a dans l’œuvre elle-même un fossé entre ces archétypes et la subtilité des sentiments décrits par Haydn, qui semble justement vouloir s’affranchir de l’idée d’archétypes pour construire des individus.
Ce fossé nous a conduit à poser la question suivante : dans cet éternel jeu de rôles entre féminin et masculin, qui sommes-nous, comment nous définissons-nous, comment nous situons-nous par rapport aux pôles que constituent l’homme et la femme ? Quel est cet amour qui pose un tel problème moral à Rinaldo ? Quel est le droit chemin, la norme dont il tremble de s’écarter et que ses compagnons d’armes « normaux » tentent de lui faire retrouver ? Questions de sexualité, bien évidemment (homosexualité, hétérosexualité), mais aussi de genre en général, et d’identité profonde… Questions auxquelles nous avons envie de confronter des personnages concrets, des hommes et des femmes d’aujourd’hui, dans des situations reconnaissables de la vie quotidienne, loin des champs de bataille, des palais d’Orient et des forêts enchantées des magiciennes.
Pour surprenante que puisse être cette approche, et pour périlleuse qu’elle soit – puisqu’elle implique des travestissements, peut-être des changements de genre de certains rôles principaux, ou du moins des ambiguïtés, elle n’est pas si incongrue dans la tradition lyrique, en particulier celle de l’opera seria, qui, avec ses héros guerriers, regorge paradoxalement de rôles travestis ou de castrats (le Rinaldo de Händel est souvent chanté par une femme !).
L’opéra comme forme artistique a été le premier à exploiter, de façon absolument naturelle, l’ambiguïté sexuelle, et à s’amuser à brouiller les genres. Il me semblait donc intéressant d’utiliser cette Armida pour construire un pont entre la tradition d’opéra à laquelle elle se réfère, où les frontières de genre étaient plus floues, et l’époque actuelle, où la question des genres est devenue un sujet d’actualité brûlant (où le mot « croisade » prend soudain une actualité inattendue).
Encore une fois, ce ne sont que des pistes, et ce projet ambitieux n’est possible que dans un climat de confiance et avec une équipe désireuse de travailler ensemble et de prendre des risques… pour servir une œuvre magnifique.
Dates
Ressources
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Extraits de la revue de presse :
- Opéra Magazine - Mehdi Mahdavi (…) il fallait oser, à l’heure, à l’heure où la société française n’a pas cessé de s’entre-déchirer sur les questions de la famille et du genre, présenter l’amour de Rinaldo et Armida sous la forme d’une liaison entre un leader de la «Manif pour tous» et un jeune homosexuel ! Et ce, tout en restant à l’écart des postures partisanes. Sans sombrer, donc, dans un militantisme virulent qui opposerait, aussi vainement que maladroitement, les «méchants cathos», partis en croisade contre l’égalité, aux «gentils gays», soutenus par les défenseurs de la plus juste cause – alors même que les deux camps cohabitent, sans heurt ni invective, au sein du public d’opéra. (…) le regard affûté de Mariame Clément se concentre sur le conflit intérieur que chacun (des protagonistes) porte en lui. Et en fait sourdre la violence grâce à une direction d’acteurs qui (…) étaie une «relecture» dont l’impact tient à la crédibilité conférée aux personnages, moins par une adéquation physique immédiate qu’à force de vérité des présences et des situations. D’autant que la fosse parle absolument le même langage. Troquant, pour la première fois face aux musiciens du Cercle de l’Harmonie (l’orchestre qu’il a fondé avec Jérémie Rhorer), son poste de Konzertmeister contre le pupitre de chef, Julien Chauvin y révèle un authentique sens de la pulsation théâtrale, doublé d’une profonde conscience stylistique, dont l’homogénéité du plateau vocal n’est pas le moindre effet. Chantal Santon trouve enfin, avec Armida, un rôle à la mesure de ses moyens techniques et expressifs, qui lui permettent d’incarner toutes les facettes de la magicienne sans que jamais ne s’altère la pureté d’une ligne de chant frémissante.
- Le Figaro - Thierry Hillériteau Armida s’accorde à tous les genres Rarement donnée, cette œuvre de Haydn tourne en France dans une mise en scène contemporaine et audacieuse. À l'opéra, les contraintes techniques et budgétaires peuvent pousser à la prise de risque. C'est ce que démontrent régulièrement les productions de l'Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musicale, dont l'un des soucis est la diffusion des œuvres partout en France, dans de petites salles. Sa dernière création ne déroge pas à la règle. Car en s'attaquant à l'Armida de Joseph Haydn, qui revisite dans l'esprit des Lumières l'une des plus célèbres légendes du Tasse (celle de la sorcière Armide, qui ensorcelle le croisé français Renaud, alias Rinaldo), l'Arcal se confrontait à un double problème: matérialiser la magie inhérente à l'ouvrage dans l'économie de moyens qui est la sienne. Et rendre crédible, pour un public d'aujourd'hui, un conflit hérité du Moyen Âge. C'est précisément ce double défi qui a éveillé la curiosité de la jeune metteur en scène Mariame Clément. Le drame de Haydn se jouant dans l'intime, le parti pris est ici celui de la psychologie des personnages. C'est ambitieux autant que radical, puisque l'action est transportée de nos jours, dans une «guerre des idéaux» qui a récemment marqué notre société: le mariage pour tous. Ni militantisme ni démagogie. D'ailleurs, la musique de Haydn, aussi sublime chez Armida que chez Renaud, ne se range jamais dans un camp ou un autre. C'est plutôt un jeu sur cette question du genre propre à l'opéra, qui court de Lully à Mozart. Étrangement, cette transposition pour le moins opportuniste se révèle efficace: on a tôt fait d'oublier le contexte pour entrer dans l'histoire, celle de deux êtres tiraillés entre le devoir et la passion, la foi et les convictions. Surtout, elle offre aux jeunes chanteurs l'occasion de se livrer à un authentique travail d'acteurs.
- Forumopéra - Laurent Bury C’est l’histoire d’un mec Pour représenter ce conflit et nous le rendre sensible, Mariame Clément a donc fait un choix audacieux. Ces deux camps qu’un enjeu religieux oppose, ils existent tout près de nous, sans aller chercher hors d’Europe une transposition martiale : il n’y a pas si longtemps encore, le mariage pour tous suscitait manifestations et contre-manifestations dans les rues de France. Les Croisés deviennent donc ici de vertueux défenseurs de la famille traditionnelle, alors que leurs adversaires brandissent le drapeau arc-en-ciel et défendent l’égalité des droits. Conséquence logique de ce choix dramaturgique, l’intrigue devient « l’histoire d’un mec » et Armida pourrait être rebaptisé Armido puisque c’est ici d’un homme que Renaud est épris, au grand dam des autres chevaliers chrétiens. Défendue avec une parfaite cohérence – la traduction française du surtitrage fait opportunément disparaître toute référence à la féminité de l’héroïne devenue héros – , cette idée est tout à fait convaincante (…). Dirigés par Julien Chauvin, les vingt-huit instrumentistes du Cercle de l’Harmonie proposent une lecture enlevée de la partition, d’une limpidité qui se combine fort bien avec l’exploration des zones d’ombre de la psychologie des protagonistes.
- Res Musica - Jean-Luc Clairet Rajeunissement pour tous avec l’Armida de Mariame Clément Claus Guth, Olivier Py, Robert Carsen, Dmitri Tcherniakov, etc., il est temps d’affirmer que Mariame Clément est la seule femme aujourd’hui à pouvoir prétendre s’aligner sur le podium lyrique, squatté par les hommes, des metteurs en scène les plus passionnants de notre temps. En toute sincérité, et loin des excès de ce qu’il est coutumier de surnommer le Regietheater allemand, Mariame Clément a voulu faire de cet opéra d’hier un spectacle pour un public d’aujourd’hui. La mise en scène se concentre sur le dilemme cornélien auquel tout homme est confronté dans son unique vie : fais-je le bon choix ? Fatalement d’abord agacé, notre monde pressé se laisse peu à peu convaincre par Mariame Clément que 2h30 pour une telle interrogation ce n’est pas si long.
- Concertclassic - Alain Cochard Armida de Haydn à l’Opéra de Massy – Intelligence théâtrale Inscrite dans une tournée de l’Arcal, l’Armida proposée à l’Opéra de Massy s’avère en tout cas exemplaire de la philosophie qui anime la compagnie fondée en 1983 par Christian Gangneron. Catherine Kollen a pris sa succession en 2009, poursuivant dans la voie d’« une exigence artistique forte où la partie musicale et la partie théâtrale sont à égalité ». Théâtre et musique : on comprend dès l’ouverture qu’ils seront l’un et l’autre gagnants. A la tête de son tout nouveau Concert de la Loge Olympique (constitué de musiciens issus du Cercle de l’Harmonie), Julien Chauvin prend les choses en mains avec une énergie dénuée de brusquerie et met d’emblée du théâtre dans la musique. Jusqu’au terme de la soirée il porte l’action d’un geste dramatique aussi efficace que stylé, aidé il est vrai par le dynamisme et les timbres fruités de son ensemble, comme par la fluidité de la régie. Deux camps s’opposent dans Armida : Mariame Clément a choisi les pro et les anti-mariage pour tous! Cette translation dans l’actualité la plus récente en eût conduit d’autres à la caricature grossière ; elle permet à une metteuse en scène pleine de tact de rendre lisible et parlante l’intrigue pour le public d’aujourd’hui. Une profonde empathie envers l’ensemble des personnages émane de ce spectacle attachant, vivant et finement réglé. Adaptée à l’itinérance arcalienne, l’efficace modestie de la scénographie de Julia Hansen rappelle que l’intelligence théâtrale vaudra toujours mieux que l’abondance de moyens et d’effets. Remarquable plateau !
- Musikzen - Marc Vignal Le meilleur Haydn Armida vient d’être donné, sous l’égide de l’Arcal (Compagnie nationale de théâtre lyrique et musical), dans une sobre mise en scène de Mariame Clément qui heureusement ne traite pas le sujet par la dérision, comme c’est trop souvent le cas ces temps-ci, mais très sérieusement. (…) Mention spéciale au Concert de la Loge Olympique, orchestre nouvellement créé issu du Cercle de l’Harmonie, et à son chef Julien Chauvin, notamment pour leurs pianissimos haletants aux limites du silence. (…) « On dit que c’est ma meilleure œuvre [dramatique] jusqu’ici », écrivit Haydn à propos d’Armida à son éditeur Artaria. A en juger par cette belle production devant une salle archi-comble, ce « on » n’avait pas tort.
- Concertonet - Florent Coudeyrat Les audaces de Mariame Clément On retiendra aussi l’élégante scénographie de Julia Hansen, en forme de décor unique modulable, où un carré central cristallise les tensions internes, tandis que des chaises vides sur les côtés symbolisent les affrontements politiques sous-jacents, théâtre de la vie publique extérieure. Autre atout majeur de cette production, le jeune plateau vocal ici réuni, d’une remarquable homogénéité. Enfin, le jeune chef Julien Chauvin insuffle à son orchestre une énergie revigorante, toujours attentif à ne jamais couvrir les voix dans la vaste salle de 1300 places de Saint-Quentin-en-Yvelines.
- Classiquenews - Emmanuel Andrieu Musicalement, Armida exige beaucoup des chanteurs. La jeune soprano française Chantal Santon, au timbre riche et expressif, a la présence dramatique, la flamme et les moyens vocaux d’Armida. Elle trouve en Juan Antonio Sanabria (Rinaldo) un partenaire à sa hauteur : timbre suave, aigus glorieux et virtuosité à l’avenant font de ce ténor canarien un talent à suivre. Tous d’eux sont entourés d’autres jeunes chanteurs remarquables, à commencer par Enguerrand de Hys (Ulbado), (…) qui semble également promis à un bel avenir. De son côté, Dorothée Lorthiois (Zelmira) possède l’ampleur vocale exigée par sa partie (et une belle maîtrise de la ligne vocale), tandis que Laurent Deleuil (Idreno) se montre parfaitement convaincant dans le rôle du méchant de service. Formation nouvelle (avec des musiciens essentiellement issus du Cercle de L’Harmonie) dirigée (dans les deux sens du terme) par le talentueux violoniste français Julien Chauvin, La Loge Olympique s’avère remarquable, la soirée durant, par la précision rythmique, l’articulation, le souci de la couleur : ils ont été les justes triomphateurs – avec l’équipe vocale, de cette résurrection d’Armida.
- ODB-Opéra - Jérôme Pesqué Saluons bien bas la ferveur et la fougue électrisantes de Julien Chauvin à la tête de son tout nouvel ensemble, La Loge Olympique qui porte bien son nom, et une distribution vocale de haut vol, homogène dans l’excellence. Après Tancrède de Campra et Renaud de Sacchini, Chantal Santon retrouve la Jérusalem dans le rôle-titre où elle brille par sa projection, sa présence scénique et une technique aguerrie qui lui permet de triompher de sa redoutable partie que Bartoli elle-même chantait un demi-ton en dessous. Son Rinaldo, Juan Antonio Sanabria fait montre de vaillance, de virtuosité et d’un engagement de tous les instants. Dorothée Lorthiois, à l’agilité sans faille, incarne une Zelmira pleine de séduction vocale et de probité stylistique. Enguerrand De Hys, entrevu dans l’Otello de Rossini au TCE, est une véritable révélation au timbre suave et lumineux, à la musicalité de haut lignage, au jeu intelligent. Troisième ténor à l’affiche, Francisco Fernandez Rueda campe un Clotarco des plus convaincants. Bref, une soirée où la musique et les voix nous comblent.