Orfeo

Opéra avec orchestre
Musique d'Antonio Sartorio
Livret d'Aurelio Aureli (1672)
Un «Orphée» inédit redécouvert par le duo Jaroussky / Lazar

Mise en scène Benjamin Lazar
Direction musicale Philippe Jaroussky / Brice Sailly
Ensemble Artaserse

Présentation

Edito, par Catherine Kollen

Audace de la découverte

Cette redécouverte en première française que nous offrent Benjamin Lazar et Philippe Jaroussky d’un nouvel Orphée est un événement à plus d’un titre.

Trente ans après Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, cet Orfeo vénitien de la fin du 17e siècle, où le chant expressif met en relief le texte, révèle la liberté de ton propre à la République de Venise, qui fait merveille dans les livrets, mêlant sérieux et dérision, lumière et ombres.

Les personnages, dont le fond des âmes se révélera au fur et à mesure, sont des protagonistes d’une grande modernité, avec deux femmes admirablement fortes et solidaires, prêtes à lutter pour leur amour et leur vie.

Transmission

Fidèle à sa démarche depuis sa création, l’Arcal a réuni autour de cette partition – peu connue mais selon Philippe Jaroussky, idéale pour de jeunes chanteurs ­– trois structures capables
d’allonger la vie de ce spectacle après sa création en première française à l’Opéra de Montpellier.

Dans une re-création avec 11 jeunes chanteurs en tournée dans le réseau des théâtres, sont donc réunies :

– la Fondation Royaumont qui apporte son savoir-faire en formation, ses mécènes et une aide à la diffusion ;

– la Scène nationale de Sénart qui ose l’opéra offrant une coproduction et son plateau pour 2 semaines de répétitions pour la re-création ;

– l’Arcal qui confirme son expertise dans la production et la diffusion d’une tournée pour les scènes généralistes, et l’accompagnement de jeunes artistes.

Ce sont donc 10 représentations supplémentaires en 2023-24 avec une jeune distribution et une tournée en cours de construction pour 2024-25 qui permettent une plus grande exposition d’un répertoire encore à découvrir et offrent l’expérience répétée et nécessaire de la scène pour de jeunes artistes.
Et c’est sans doute le genre de l’opéra, qui sortira gagnant devant un public élargi.

Retour aux sources et nouveaux chemins

Alors, célébrons ici l’esprit de transmission qui anime Philippe Jaroussky et permet de retrouver le fil de ses premiers rôles il y a 20 ans à Royaumont (avec Gérard Lesne et Jean-Claude Malgoire) et à l’Arcal (avec Jean-Christophe Spinosi dans La Verità in cimento). De même Benjamin Lazar retrouve le chemin de Royaumont 20 ans après son audacieux et emblématique Bourgeois Gentilhomme.

Célébrons aussi, la confirmation du chemin de chef d’orchestre emprunté en 2021 par Philippe Jaroussky, à la tête de son Ensemble Artaserse, stature adoubée en 2022 lors de sa direction du Jules César de Haendel.

Célébrons enfin, les retrouvailles du duo

Jaroussky–Lazar, engagés tous deux il y a quinze ans, dans Sant’Alessio de Stefano Landi en 2007, et qui grâce à leur esprit de recherche et leur travail ont fait renaître l’opéra du 17e siècle.

Avec l’Arcal et ses partenaires, quelques fées veillent sur le berceau de l’opéra, particulièrement secoué en cette période post-pandémie.

Distribution

ORFEO


Opéra (Venise, 1672)
Musique : Antonio Sartorio (1630–1680) | texte : Aurelio Aureli
Un Orphée redécouvert par le duo Jaroussky / Lazar

Une création conjointe de l’Arcal, compagnie de théâtre lyrique et musical, l'Opéra Orchestre National de Montpellier Occitanie, la Fondation Royaumont et le Théâtre-Sénart, scène nationale. Avec le généreux soutien d'Aline Foriel-Destezet.

Direction musicale : Philipe Jaroussky [pour les représentations du 27 sept. - 16 déc. 23] / Brice Sailly [pour le 2 mars 24] - Ensemble Artaserse
Mise en scène : Benjamin Lazar

Scénographie : Adeline Caron
Lumières : Philippe Gladieux
Costumes : Alain Blanchot
Maquillages & perruques : Mathilde Benmoussa
Collaboration artistique : Elizabeth Calleo
Directeur des études musicales : Brice Sailly
Cheffe de chant : Yoko Nakamura
Diction italienne : Barbara Nestola
Traduction livret : Jean-François Lattarico
Partition - édition moderne : Yannis François

Les personnages
Orfeo (fils de Calliope et Apollon), soprano
Eurydice (Nymphe de Thrace, femme d’Orphée), soprano
Aristée (frère d’Orphée fils d'Apollon et de la nymphe Coronis, élevé par Bacchus), contre-ténor
Erinda (vieille nourrice d’Aristée), ténor
Hercule (disciple de Chiron), ténor
Chiron (Centaure savant), baryton
Achille (disciple de Chiron), contre-ténor
Esculape (frère d’Orphée et Aristée, endoctriné par la médecine de Chiron), baryton-basse
Orillo (jeune berger de Thrace), mezzo-soprano

Ensemble Artaserse – 12 musiciens
2 violons, alto, violoncelle, viole de gambe, violone, lirone, guitare, théorbe, harpe, percussions, clavecins, orgue
...
NN (violons)
NN (alto)
NN (violoncelle)
NN (viole de gambe)
NN(violone)
NN (lirone)
NN (guitare)
NN (théorbe)
NN (harpe)
NN (percussions)

NN (clavecins)
NN (orgue)

Equipe technique Arcal | 5 techniciens
Stéphane Holvêque (direction technique), Ugo Coppin (régie générale & lumière), Rémi Remongin (régie plateau), Luigi Legendre (régie orchestre & surtitrage), Elisa Provin & Mathilde Benmoussa (maquillage/coiffage)

Disponibilité

Disponibilité du spectacle
Redécouverte en première française le 7 juin 2023 à l'Opéra de Montpellier
Disponible octobre - décembre 2023 & 2024
informations & diffusion du spectacle : contacter Catherine Kollen ou Laurence Lévi à l'Arcal

Durée du spectacle 2h30 + entracte (20')
Dès 11 ans en famille - dès le CM1-CM2 pour les scolaires avec préparation - collèges et lycées
Spectacle chanté en italien, surtitré en français
Spectacle avec fosse (avec orgue & clavecin)
30 artistes et techniciens en tournée / avec fosse.

Création juin 2023
Nouvelle coproduction en première française Arcal, compagnie nationale de théâtre lyrique et musical (dir. Catherine Kollen) - Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie - Fondation Royaumont -  Théâtre Sénart, scène nationale.
Avec le généreux soutien d'Aline Foriel-Destezet.

L’Arcal bénéficie du soutien institutionnel de la DRAC Île-de-France (ministère de la Culture et de la Communication), de la Région Île-de-France, de la Ville de Paris, ainsi que des soutiens de résidences territoriales des départements du Val-d’Oise, Val-de-Marne, Essonne et Yvelines. L’Arcal est membre de Profedim, Réunion des Opéras de France, Futurs composés et Génération Opéra.

Intention

Miroir vénitien et folie d'Orphée, par Benjamin Lazar


Un palais des mirages


Retrouver Philippe Jaroussky quinze ans après notre collaboration dans Il Sant’Alessio où il interprétait le rôle-titre est pour moi une occasion de synthèse entre l’approche baroque et les traitements plus visiblement contemporains que j’ai pu explorer sur de nombreuses œuvres du Seicento.


Avec mon équipe, j’imagine cette version d’Orphée dans un palais des mirages, conçu par Adeline Caron, qui tient à la fois du planétarium et du théâtre anatomique des âmes.


Les êtres s’y entre-regardent avec amour ou s’y épient avec acidité. Un ciel étoilé circulaire se transforme soudain en piège de miroirs pour Eurydice. La forêt s’y dessine à travers des claire-voies qui fragmentent les lumières de Philippe Gladieux. L’ombre envahit la scène quand Orphée descend aux Enfers (une seule ampoule) et la remontée prend les allures d’une spirale sans fin sur la scène circulaire centrale et tournoyante.


Les costumes d’Alain Blanchot donnent d’entrée les signes d’une fête vénitienne baroque et colorée, pour évoluer au fur et à mesure qu’Eurydice réalise qu’elle est loin d’être arrivée dans le monde idyllique du beau roi chanteur qu’elle pensait avoir épousé. Les personnages se dépouillent par couches successives et, comme l’histoire, ils finissent par laisser voir à l’os la crudité contemporaine des sentiments amoureux destructeurs.


Tous ces êtres se croisent et se désirent depuis leurs folies et leurs mondes. Parfois stylisé et s’inspirant de la gestuelle baroque et de la danse, parfois naturaliste, le jeu est libre, très corporel, et rend compte de la subtilité du parcours des passions et des pensées où la grâce et la cruauté dansent l’une contre l’autre.



L’amour comme un noir choléra


Au sein de ce ballet chatoyant des corps et des cœurs portés par la beauté de la musique, l’amour circule comme une énergie noire.


La passion amoureuse y cause plus de douleurs que de joies : la jalousie et les frustrations y font exister l’Enfer avant la mort. A rebours de son image habituelle, Orphée est un être possessif et méfiant, doutant de l’amour de son épouse. Aristeo, le troisième frère d’Orphée, personnage emprunté à la version du mythe tel qu’il est raconté par Virgile, aime également Eurydice, et la violence de sa passion va provoquer le drame :  poursuivie, Eurydice est piquée par le serpent fatal.



Sororité vs rivalité


Loin de la nymphe fragile qui n’a pour fonction que de mourir et d’être pleurée, Eurydice est l’une des grandes réussites du livret d’Aurelio Aureli. Elle y déploie une émouvante puissance de caractère, luttant pour garder son amour et sa vie. C’est elle-même qui, dans une scène-clef extraordinaire, revient en fantôme demander à Orphée de venir la chercher aux Enfers. C’est elle encore qui demande à Orphée de ne pas se retourner.


Autour de ce trio amoureux, la princesse Autonoe, promise à Aristeo, joue la belle partition de la femme trahie venue reconquérir son amour en se faisant passer pour une autre. Son alliance avec Eurydice qui les font solidaires dans l’adversité plutôt que rivales, est un autre trait moderne du traitement de cette histoire.



Musique et théâtralité, par Philippe Jaroussky


L’Orfeo de Sartorio, créé en 1672 à Venise, est l’une des œuvres que je rêvais de diriger depuis longtemps. J’ai enregistré d’ailleurs il y a quelques années des extraits en compagnie de Emöke Barath et Diego Fasolis dans l’album La storia di Orfeo.


Il fait partie de cette époque si intéressante et inventive, encore peu jouée, à cheval sur le « recitar cantando » du premier baroque de Monteverdi et Cavalli, et le début de l’opéra qu’on qualifiera plus tard de « seria », avec son alternance d’airs et de récitatifs. L’œuvre connut un immense succès à sa création à en juger le nombre de reprises jusqu’au début du 18e siècle. Sartorio y développe en effet une très grande inventivité mélodique, alternant entre des passages très rythmiques et d’autres extrêmement poignants ou magiques, comme la mort d’Eurydice ou la scène de son ombre s’adressant à Orfeo endormi.


Les caractères des personnages et leurs interactions sont d’une très grande richesse, et il faut absolument créer une vraie troupe de chanteurs- acteurs pour pouvoir rendre pleinement justice à cette œuvre si riche !



Antonio Sartorio, par Jean-François Lattarico


Antonio Sartorio a surtout composé des opéras et de la musique vocale. Il exerça son activité principalement dans sa ville natale de Venise et à Hambourg. On connaît peu de choses sur sa vie et sa formation, néanmoins, de 1666 à 1675, il fut maître de chapelle du duc Jean-Frédéric de Brunswick-Lunebourg (actuel Land de Basse-Saxe). Démis de cette charge, il revint à Venise où il occupa le poste de vice-maître de Chapelle de Saint-Marc, de 1676 à sa mort.


Les œuvres d’Antonio Sartorio présentent des caractères typiquement vénitiens de la seconde moitié du XVIIe siècle : plus précisément ses livrets appartiennent à la catégorie du « drame héroïque » plein d’intrigues, de déguisements, d’astuces, de sorts, et témoignent du triomphe de l’inventio au détriment de l’historia et de la transformation du recitar cantando des Florentins en cantar recitando chez les Vénitiens.


La tonalité cantabile est donnée dès la scène liminaire avec le duo des deux amants (Cara e amabile catena), mais dans cet opéra tardif, le passage du declamando vers l’arioso, puis l’aria, se fait sans heurts. Sartorio a retenu la leçon de Cavalli (1602 – 1676) ; le pathos devient langueur, notamment dans l’aria È morta Euridice, et plus encore dans la scène suivante où l’air magnifique Se desti pietà est précédé d’un récitatif d’une grande force expressive.

Dates

7 juin 2023 mercredi 7 juin 2023 à 19:00 Opéra National Montpellier / Montpellier
9 juin 2023 vendredi 9 juin 2023 à 20:00 Opéra National Montpellier / Montpellier
10 juin 2023 samedi 10 juin 2023 à 20:00 Opéra National Montpellier / Montpellier