La Terrasse

CLASSIQUE / OPÉRA – GROS PLAN

Publié le 21 août 2023 – N° 313

La recréation de l’Orfeo de Sartorio à Montpellier en juin dernier dans une mise en scène de Benjamin Lazar part en tournée avec une troupe de 11 jeunes chanteurs, dans un projet emblématique pour la saison des 40 ans de l’Arcal.

Créé en 1672, l’Orfeo de Sartorio s’inscrit dans l’esthétique de l’opéra vénitien du seicento, avec une dramaturgie qui foisonne de plus en plus de péripéties et n’hésite pas à mêler les registres, à juxtaposer le tragique et le comique dans un esprit libre voire irrévérencieux – dont Le Couronnement de Poppée de Monteverdi constitue l’exemple le plus connu. Le livret d’Aurelio Aureli enrichit ainsi considérablement, en compilant diverses sources mythologiques et littéraires antiques, le destin de l’aède en quête de son épouse défunte, avec en particulier une caractérisation des figures féminines et des interactions  entre les personnages plus complexes, qui nourrissent le spectacle de Benjamin Lazar conçu comme un palais des mirages dans une scénographie dessinée par Adeline Caron. La partition de Sartorio développe «une très grande inventivité mélodique, alternant entre des passages très rythmiques et d’autres extrêmement poignants ou magiques, comme la mort d’Eurydice ou la scène de son ombre s’adressant à Orfeo endormi».

Une troupe de jeunes chanteurs accompagnée tout au long du projet

Pour Philippe Jaroussky, qui a dirigé la première française à Montpellier en juin dernier, avec son ensemble Artaserse, ce jalon dans l’évolution de l’opéra italien depuis le recitar cantando des débuts hérités du madrigalisme vers le genre seria et l’importance croissante de la virtuosité vocale et expressive est idéal pour une troupe de jeunes chanteurs-acteurs. Dans le cadre de la reprise portée par l’Arcal, 11 solistes de 23 à 35 ans – le baryton-basse qui interprète Chiron a 48 ans – ont été sélectionnés sur les 250 auditionnés en décembre 2022 pour suivre une formation vocale et scénique de deux semaines à la Fondation Royaumont avec les équipes de la production en début juillet, avant un mois de répétitions, d’abord à l’Arcal puis à la scène nationale Théâtre-Sénart, première étape d’une tournée de dix dates, en Ile-de-France et à Arras, jusqu’en mars 2024, qui constitue un circuit alternatif pour l’art lyrique – un condensé de la vocation de l’Arcal.

Gilles Charlassier

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