My Way to Hell

Electropéra
Musique de Matteo Franceschini
(Reims, 2010 - commande de l'Arcal)
Conception & texte Volodia Serre

Mise en scène Volodia Serre
Direction musicale Matteo Franceschini

Présentation

My Way to Hell, un projet singulier

par Catherine Kollen

Ce projet intitulé « opéra cross over » est né de façon imprévue, au cours de la résidence de Matteo Franceschini à l’Arcal, lors de rencontres artistiques non préméditées avec des interprètes aux imaginaires multiples, et avec Volodia Serre qui a su enrichir l’idée de départ.
Tous les ans depuis 2000, l’Arcal accueille un compositeur en résidence qui participe à la vie de la compagnie, et développe un projet expérimental que l’Arcal accompagne.

Si d’autres projets « cross-over » ont vu le jour ces dernières années en France, c’est qu’il pose une question qui taraude nombre de musiciens professionnels « classiques » de la génération actuelle :

  • Puisqu’il n’est plus question de faire « tabula rasa » pour composer aujourd’hui, comment retrouver dans son travail la multiplicité de goûts éclectiques, du passé lointain ou proche, des musiques « savantes » aux musiques populaires ?
  • Ce passé dont nous sommes emplis – avec l’explosion aussi bien des recherches
    interprétatives que des enregistrements qui nous donnent tout à portée d’oreille -, est-il un poids ou une richesse, un patrimoine intouchable ou un flux dont nous pouvons nous nourrir ?
  • Comment faire se croiser des musiques à l’énergie et l’esthétique aussi différentes que le rock ou le baroque ?
  • Et surtout, comment fait-on « œuvre », c’est-à-dire, comment à partir de différentes sources d’inspiration faire œuvre originale ?
  • Finalement, qu’est ce qui fonde une œuvre ?

Matteo y répond déjà dans son texte,mais il faut venir écouter cette oeuvre-spectacle, en sachant qu’à la cohérence musicale donnée par Matteo répond la cohérence dramatique donnée parVolodia Serre, avec un thème d’ailleurs commun au rock et au baroque; « la descente aux enfers ».
Et c’est aussi parce qu’aujourd’hui des interprètes sont capables de manier avec la même rigueur le théorbe et la guitare électrique, le chant lyrique et la déclamation, que de tels projets de collaboration peuvent convaincre aujourd’hui.
L’attention aux processus de travail dans un projet aussi délicat est essentielle. L’équipe artistique et les deux chanteurs se sont réunis à intervalles réguliers de janvier à juin 2009 pour définir ensemble les champs artistiques et le matériau brut à travailler.Trois étapes de travail d’atelier entre créateurs et interprètes, après chaque phase d’écriture musicale et de conception du livret, ont permis de faire des essais, de se tromper ou de confirmer des directions :

  • Écriture puis 4 jours d’atelier en juin 2009,
  • Écriture puis 10 jours d’atelier en novembre 2009 avec présentation d’une maquette de 20mn
    à des adolescents,
  • Écriture puis 3 semaines de répétitions en mars 2010 avant la création.

Enfin, le croisement des esthétiques musicales a cherché un écho dans la volonté de croiser les types de salles présentant le spectacle (et partant, de croiser les types de publics). Ainsi la création se veut double, dans 2 lieux emblématiques de Reims (l’une des deux régions d’implantation de l’Arcal) : la Cartonnerie, l’une des têtes de file du réseau des SMAC (scènes de musiques actuelles) et le Grand Théâtre de Reims.

my way theorbe guitare el Lips Bis
Damien Bigourdan et Bruno Helstroffer © Enrico Barolucci  Enfer

Distribution

Une création de l’Arcal, cie nationale de théâtre lyrique et musical


Composition musicale : Matteo Franceschini
Mise en scène : Volodia Serre
Images de scène : Matthieu Mulot
Lumières : Jean-Luc Chanonat
Costumes : Magali Perrin-Toinin
Stagiaire costumes : Manon Renard

Chantal Santon, soprano
Damien Bigourdan, ténor
Bruno Helstroffer, théorbe
Benoît Bourlet, batterie et percussions
Matteo Franceschini, programmation live et basse

Nicolas Roger, régie générale
Philippe André, régisseur lumières et vidéo
Yann Bouloiseau, ingénieur du son

Remerciements à Olivier Py, Noëlle Keruzoré et Léopoldine Serre

Disponibilité

Disponibilité
Spectacle créé à la Cartonnerie de Reims et à l'Opéra de Reims en 2010
24 représentations et 3 maquettes rassemblant 4775 spectateurs :
Saint-Arnoult-en-Yvelines, La Batterie à Guyancourt, La Cartonnerie de Reims, Opéra de Reims, Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines/Scène nationale, Le Nickel à Rambouillet, MJC Calonne à Sedan, Espace Louis Jouvet à Rethel, Le Nouveau Relax-scène conventionnée de Chaumont, La Forgerie à Wassy, Festival A pas comptés de Dijon, Théâtre Romain Rolland de Villejuif, Ecole de musique de Mantes-la-Jolie, Opéra de Bolzano (Italie), Centre des Arts-Scène numérique d'Enghien-les-bains, l'Estive-Scène nationale de Foix, Opéra de Limoges.
Ce spectacle n'est plus disponible aujourd'hui.

Public
Durée: ± 1h15 sans entracte
Public visé :
-adultes
-en famille à partir de 9 ans
-scolaires : collèges, lycées / CM1 et CM2 uniquement avec préparation

Spécificités techniques
Spectacle sans fosse
Montage la veille et le jour de la représentation (5 services de montage)
Démontage à l’issue de la représentation
fiche technique my way to hell
8 personnes en tournée

Production
Arcal
Grand Théâtre de Reims
Coproduction
La Muse en Circuit, Centre national de création musicale
La Cartonnerie de Reims
Soutiens
Fonds de Création Lyrique
Aide à la diffusion du Conseil Général des Yvelines
Résidences

Maison Aragon-Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines en juin 2009
La Batterie de Guyancourt en novembre 2009

Intention

par Matteo Franceschini (compositeur) & Volodia Serre (librettiste / metteur en scène)

« My Way to Hell », c'est la proposition d'un voyage vers l'enfer, le nôtre, aux côtés de la première gloire internationale de l'histoire de la musique : Orphée. Il s'incarne sous nos yeux, comme surgi des profondeurs de la mémoire collective, gonflé de tout son patrimoine musical, pour venir se confronter à nouveau à son histoire, perpétuer son mythe. Il convoque une femme pour l'accompagner, ce sera Eurydice. Ils se rencontrent une fois encore, se cherchent, se plaisent, apprennent à s'aimer. Ils chantent surtout, et se lancent tous deux dans une poursuite, un « cross- over » à travers les âges et les genres, usant tour à tour des œuvres de ceux qui les ont célébrés (ou non) : Virgile, Massive Attack, Dante, Monteverdi, Shakespeare, Mozart, Py, Radiohead...

À la découverte l'un de l'autre, l'homme et la femme, Orphée et Eurydice, sont plongés dans une machine scénique d'une technicité complexe qui intègre l'image vidéo à la composition musicale, et immerge le spectateur dans une fusion des arts traditionnels et numériques correspondant au projet opératique monteverdien. Les protagonistes subissent toutes les métamorphoses possibles, se dédoublent, perdent forme, apparaissent en hologrammes, fusionnent avec des interprètes qui les ont précédés dans leurs rôles, grandissent démesurément ou se réduisent à leurs simples bouches pour explorer tous les états de l'oralité ; ils crient, scandent, murmurent, chantent, amplifiés ou a capella, subissent les déformations électroniques de leurs voix, parlent toutes les langues de leur mythe, suivent pas à pas cette partition vidéo-musicale qui joue en permanence sur les différentes temporalités, du live aux séquences montées, jusqu'à l'intégration du public en images, tout cela au travers d'une vaste pluralité de références et de degrés de lecture.

La partition originale n'est pas un « collage » de citations mais une tentative d'extension des frontières de la communication musicale, sonore et conceptuelle. L'idée centrale est de travailler sur des squelettes compositionnels, sur la présence/absence d'éléments « connus » qui peuvent ré- émerger puis disparaître pour réapparaître comme par enchantement. Chacun de ces fragments appartenant aux différents répertoires (du baroque au rock plus contemporain), tout en étant intimement intégré à un processus créatif global, intervient précisément pour permettre à la situation théâtrale de se raconter au plus juste. Car cette écriture est double, elle épouse scrupuleusement un dessin dramaturgique homogène qui permet de suivre le fil narratif du voyage d'Orphée, aux circonvolutions indissociables de celles de notre voyage musical. Le projet reste théâtral.

Alors l'histoire que tout le monde connaît peut prendre place, ici et maintenant, prendre sens à nouveau, chargée du poids de son héritage : la femme meurt, l'homme quitte la surface de la terre, traverse le fleuve de l'au-delà et descend au royaume des morts, parmi les flammes, pour la retrouver. Le mythe est en marche. Il faudra « réenchanter » les instances de la mort, livrer bataille une nouvelle fois pour échapper à l'immuable, obtenir grâce, et au dernier moment... braver l'interdit, se retourner pour regarder en arrière. Exactement comme on l'a fait pour écrire « My Way to Hell » : porter un regard qui célèbre et qui tue, qui appelle un inévitable retour au présent, à la modernité, laissant derrière soi, comme une part de soi-même que l'on ne saurait renier, tout ce qui a permis son avènement. « My Way to Hell » est donc aussi un travail sur la perception dans lequel la mémoire du public, plongé au cœur vivant de la musique et de l'image, est constamment sollicitée mais, dans le même temps, niée ou désillusionnée. Le déplacement soudain et imprévu d'éléments « connus », provoque une sorte de réveil de la conscience, de jeu de la mémoire. Peut-être une réconciliation des vivants et des morts.

Dates

Ressources